PEKIN (AFP) - Comme les 253 millions d'internautes chinois, les journalistes étrangers, accrédités pour les JO de Pékin, n'auront qu'une version censurée de l'internet, contrairement aux promesses des autorités.Cette décision, confirmée mercredi à seulement dix jours de l'événement (8-24 août), a déclenché une polémique.
Journalistes et responsables olympiques se sont indignés que l'engagement d'assouplir le contrôle de la Toile pendant les Jeux ne soit pas tenu.
Les pages et sites concernant le mouvement spirituel Falungong, interdit en Chine, et d'autres sites non précisés, resteront verrouillés pour les plus de 5.000 journalistes travaillant au principal centre de presse des JO à Pékin (MPC, Main press center), a indiqué à l'AFP le porte-parole du comité d'organisation, Sun Weide.
Depuis le MPC, l'AFP a pu constater l'impossibilité d'accéder à des sites dissidents, pro-tibétains ou ceux d'organisation de défense des droits de l'homme, comme Amnesty International ou Reporters sans frontières.
Lors d'un entretien exclusif avec l'AFP il y a deux semaines, le président du CIO Jacques Rogge s'était pourtant félicité de la liberté accordée à la presse étrangère.
"Pour la première fois, les médias étrangers pourront faire des reportages librement, les transmettre librement en Chine. Il n'y aura pas de censure sur internet", avait-il assuré.
Mais Sun Weide a douché ces espoirs en affirmant mercredi que la promesse des autorités était seulement d'autoriser "suffisamment" d'accès à internet pour travailler, mais pas un accès illimité.
"Notre promesse était que les journalistes pourraient se servir d'internet pour leur travail pendant les jeux Olympiques. Et nous leur avons donné suffisamment d'accès pour cela", a-t-il insisté.
Une restriction dénoncée par les représentants des journalistes étrangers basés à Pékin.
"Les journalistes devraient avoir autant d'accès à l'internet que lors des JO précédents", a estimé Jonathan Watts, président de l'Association de la presse étrangère à Pékin (FCC).
Le responsable de la presse du Comité international olympique (CIO), Kevan Gosper, a indiqué qu'il soulèverait la question auprès des autorités chinoises. "Je vais leur en parler et voir leur réaction", a-t-il expliqué.
De son côté, le président du Comité olympique australien John Coates, également membre du CIO, s'est montré contrarié, estimant que la Chine faisait marche arrière sur une promesse olympique "clef".
"C'est clairement décevant, je pense que cette question sera prise très au sérieux par le CIO", a-t-il indiqué à l'occasion d'une conférence de presse organisée précisément dans l'enceinte du MPC.
Mais il s'est montré sceptique sur le pouvoir de l'organisation olympique de faire revenir les autorités chinoises sur leur décision.
"Ce que (les responsables du CIO) pourront faire, je n'en sais rien", a-t-il déclaré.
Mardi, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères avait déjà précisé que les sites liés au Falungong seraient inaccessibles depuis le MPC.
En Chine, malgré la censure politique, l'internet s'est considérablement développé, avec désormais quelque 253 millions d'internautes, selon les derniers chiffres. Ce qui place désormais le géant asiatique au premier rang en nombre d'internautes devant les Etats-Unis.
Et, à l'occasion des Jeux de Pékin, les nouveaux médias, comme l'internet et les téléphones mobiles, feront leur entrée sur le marché. Pour cette édition des JO, 187 pays ont ainsi acquis les droits nouveaux médias contre moins de 10 à Athènes.
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Bien naïfs sont ceux qui croient que les seuls J.O. peuvent être un Sésame pour plus de liberté. Les J.O., ça peut être un excellent cheval de Troie et une opportunité extraordinaire pour le peuple chinois d'entrer en contact en direct avec des aides extérieures.
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